Comme toi, je me suis préparée plus ou moins consciencieusement à devenir la meilleure mère du monde. J'ai lu Laurence Pernoud, comme ma mère avant moi. J'ai (presque) été à toutes les séances de préparation à l'accouchement offertes généreusement par notre système de santé public.
Mais je n'étais pas préparée à ça.
L'est-on jamais ? Peut-on être préparée à la véritable conversion (c'est ma façon spirituelle de relire la grande claque que l'on se prend dans les 24h qui suivent l'accouchement) que demande le fait d'élever un ou plusieurs enfants ? Sans doute pas, mais j'aurais quand même aimé savoir deux ou trois petites choses.
Par bébé, j'entends jusqu'à... je ne sais pas jusqu'à quand, mais ça dure longtemps (on n'en a pas fini en fait).
Bien sûr, tu peux décider d'ignorer quand ton bébé hurle parce qu'il veut être pris dans les bras, c'est un choix éducatif, et bien malin celui qui peut dire qui a raison quand il s'agit d'éducation ; mais ça peut être fatigant. Moi, j'ai essayé de lutter, comme conseillé par mon pédiatre, ma mère, ma belle-mère, ma nounou, mes copines qui n'ont pas d'enfant...
Et puis, quand les voisins ont menacé d'appeler la police, j'ai cédé. J'ai écouté d'autres gens, ceux-là qui me semblaient complètement tarrés quelques semaines avant.
Merci la leche league et ses articles toujours bien écrits, clairs et logiques !
J'ai pris mon bébé dans les bras, tout le temps (et je l'ai mis au sein presque tout le temps, mais ça, c'est le point 2).
J'ai entendu des parents dire que leurs bébés étaient très bien dans leur berceau, j'ai même vu des enfants dormir paisiblement toute la journée. Que ces heureux parents en profitent ! Qu'ils louent le Seigneur pour Ses bienfaits !
Et que les autres parents, paisiblement, apprennent à porter leurs bébés, à vivre avec eux sans se préoccuper de ceux qui leur diront qu'ils donnent de mauvaises habitudes :
- le bébé est doté à sa naissance de tout un tas de réflexes incroyables, comme la marche automatique, le fouissement ou le réflexe de Moro. Je te laisse consulter la fiche Wikipédia, mais en gros, un bébé qui sursaute dès que tu essayes de le poser dans un lit, c'est normal, ça veut juste dire que son système nerveux marche bien (chez nous, ils ont un système nerveux au top du top).
Quelques articles l'expliquent mieux que moi : ici et là
Alors je ne sais pas quelle est la meilleure façon d'élever un enfant, mais si une pratique attestée depuis des milliers d'années, qui se justifie scientifiquement, permet à mon enfant de ne pas hurler et à tous de vivre sereinement, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais, surtout si le seul argument contre, c'est "moi, je n'ai pas fait comme ça".
Et aux dernières nouvelles, mon premier n'est toujours pas en prison, à l'école, ça se passe bien, quand il va chez ses grand-parents, ça se passe bien... je n'ai toujours pas vu les catastrophes annoncées.
Dans mon imaginaire, le bébé tétait 10 minutes par sein, puis sombrait doucement dans le sommeil, on le posait dans un berceau, il dormait 3-4 heures, il se réveillait, on le changeait, on lui donnait la tétée (10 minutes par sein). Et voilà !
Ca ne s'est pas tout à fait passé comme ça.
Moi, j'avais le modèle qui tète à peu près tout le temps, qui s'endort le sein dans la bouche, béat, et qui aimerait bien que le sein reste dans sa bouche.
J'ai essayé de faire comme on me disait, j'ai culpabilisé parce que parfois, je cédais, et je laissais téter avant le cap des 2h fatidiques. On m'avait expliqué doctement que si mon bébé hurlait, c'est parce qu'il avait à téter trop souvent, et qu'il avait des difficultés à digérer, du coup, il digérait en permanence, et il avait mal en permanence.
Ca me semblait cohérent. Mais en même temps, j'avais aussi appris que le lait maternel se digérait en 20 minutes environ. Du coup, comment expliquer que la digestion fasse mal à mon bébé plusieurs heures ???
Alors j'ai compris que toutes ces règles, c'était du délire.
Les bébés ont des tout petits estomacs, donc ils tètent souvent, et c'est normal. Certains plus souvent que d'autres.
Téter, c'est pour boire et manger. Moi, je bois au moins toutes les heures. Ca ne m'a pas l'air d'être trop sensé que d'interdire à son enfant de boire.
Certains bébés tètent vite, et d'autres lentement. Parfois le lait coule à flot, et parfois, il n'y a plus grand chose dans les seins.
Téter, c'est pour boire, manger et recevoir des câlins. Ca m'a l'air encore moins sensé d'interdire à son enfant d'avoir les câlins qu'il demande.
La leche league (encore elle !) explique tout très bien ici.
Ce que j'aurais vraiment aimé savoir, c'est que des tétées non-stop dans les premiers jours, c'est absolument normal et bien documenté : la montée de lait n'a pas eu lieu, le colostrum coule au goutte-à-goutte, le bébé a faim, il peut avoir un grand besoin de succion, donc il peut vouloir téter en permanence. Plus le bébé va téter dans ces quelques jours, et mieux la montée de lait va s'installer. Compléter le bébé au biberon en espérant le caler pour plusieurs heures, c'est illusoire.
C'est éprouvant, mais ça l'est un peu moins quand à l'épreuve de la tétée-sans-fin (qui finit par faire mal car le mamelon est irrité) ne s'ajoute pas la culpabilité (n'ai-je donc pas le lait dont mon enfant a besoin ? Est-ce que je ne sais pas le faire téter ? suis-je nulle ?).
Si tu n'es pas fan fan de la leche league, qui propose pourtant d'excellentes ressources sur l'allaitement, tu peux aussi bénéficier du MOOC créé par le lactarium de Paris. La session de cours est terminée, mais Des heures et des heures à écouter parler du lait maternel : quoi de mieux pour égayer un séjour à la maternité ?
Et puis, j'ai rencontré mon bébé. Celui qui ne s'endormait pas comme par magie quand on le posait dans son lit. Même au son de la douce voix de sa mère qui lui chantait ses meilleures berceuses. Celui qui s'endormait en tétant mon petit doigt, et qui se réveillait quand je lui retirais doucement. Celui qui ne voulait pas quitter mes bras.
De façon étrange, ce que j'ai très mal vécu avec mon premier enfant, je l'ai beaucoup mieux accepté avec mon deuxième - qui se réveille toujours au moins trois ou quatre fois par nuit à presque un an.
Mon pédiatre dit que c'est parce que je suis enfin devenue compétente.
Je dirais plutôt que j'ai enfin compris ce que c'était qu'un bébé. Ce n'est pas un adulte, ni même un enfant en plus petit. C'est un être en devenir, avec un système nerveux qui fonctionne à sa façon, très bien décrite ici. Un sommeil plus léger (qui assure ni plus ni moins que la survie du nourrisson), très dépendant des hormones sécrétées par sa maman et son lait.
Si j'avais lu ce dernier article plus tôt, j'aurais su :
Un réveil en pleine nuit, quand on est épuisé, c'est une vraie torture. Mais quand on a à peu près son quota de sommeil, parce qu'on s'est laissé endormir par la tétée dans la journée, quand on ne s'est pas culpabilisé avec des injonctions bêtifiantes du type "ne laisse pas ton bébé s'endormir au sein!", on peut aussi le voir comme un rendez-vous secret qu'on aurait avec son tout-petit, au milieu de la nuit ; un moment de détente rien qu'à soi. Je ne vais pas prétendre que je passe ainsi une heure en extase, les yeux dans les yeux avec mon bébé, à échanger des sourire et de l'amour. Non, je profite juste d'une heure de calme dans la maison, où je peux regarder des bêtises à la télé, un bébé sur le ventre. Il y a pire.
Mais je n'étais pas préparée à ça.
L'est-on jamais ? Peut-on être préparée à la véritable conversion (c'est ma façon spirituelle de relire la grande claque que l'on se prend dans les 24h qui suivent l'accouchement) que demande le fait d'élever un ou plusieurs enfants ? Sans doute pas, mais j'aurais quand même aimé savoir deux ou trois petites choses.
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si la cigogne pouvait livrer le matos avec un mode d'emploi... |
1 - Un bébé, bien souvent, ça a besoin des bras de ses parents
Par besoin, j'entends comme le besoin de manger ou de boire, une nécessité impérieuse de se sentir porté.Par bébé, j'entends jusqu'à... je ne sais pas jusqu'à quand, mais ça dure longtemps (on n'en a pas fini en fait).
Bien sûr, tu peux décider d'ignorer quand ton bébé hurle parce qu'il veut être pris dans les bras, c'est un choix éducatif, et bien malin celui qui peut dire qui a raison quand il s'agit d'éducation ; mais ça peut être fatigant. Moi, j'ai essayé de lutter, comme conseillé par mon pédiatre, ma mère, ma belle-mère, ma nounou, mes copines qui n'ont pas d'enfant...
Et puis, quand les voisins ont menacé d'appeler la police, j'ai cédé. J'ai écouté d'autres gens, ceux-là qui me semblaient complètement tarrés quelques semaines avant.
Merci la leche league et ses articles toujours bien écrits, clairs et logiques !
J'ai pris mon bébé dans les bras, tout le temps (et je l'ai mis au sein presque tout le temps, mais ça, c'est le point 2).
J'ai entendu des parents dire que leurs bébés étaient très bien dans leur berceau, j'ai même vu des enfants dormir paisiblement toute la journée. Que ces heureux parents en profitent ! Qu'ils louent le Seigneur pour Ses bienfaits !
Et que les autres parents, paisiblement, apprennent à porter leurs bébés, à vivre avec eux sans se préoccuper de ceux qui leur diront qu'ils donnent de mauvaises habitudes :
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- si tu vas au zoo, tu verras les petits singes agrippés à leur maman ; elle court, elle court, la guenon, la guenon du zoo mesdames... et son bébé reste agrippé. Elle ne lui dit pas de rester tranquille dans son petit dodo, maman rentrera bientôt. Bah non.
Elle le porte, et voilà. Avez-vous déjà entendu un petit chimpanzé pleurer ? moi non plus.Quelques articles l'expliquent mieux que moi : ici et là
Alors je ne sais pas quelle est la meilleure façon d'élever un enfant, mais si une pratique attestée depuis des milliers d'années, qui se justifie scientifiquement, permet à mon enfant de ne pas hurler et à tous de vivre sereinement, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais, surtout si le seul argument contre, c'est "moi, je n'ai pas fait comme ça".
Et aux dernières nouvelles, mon premier n'est toujours pas en prison, à l'école, ça se passe bien, quand il va chez ses grand-parents, ça se passe bien... je n'ai toujours pas vu les catastrophes annoncées.
2 - Un bébé, ça peut téter très souvent
Très souvent, ça veut dire "tout le temps"Dans mon imaginaire, le bébé tétait 10 minutes par sein, puis sombrait doucement dans le sommeil, on le posait dans un berceau, il dormait 3-4 heures, il se réveillait, on le changeait, on lui donnait la tétée (10 minutes par sein). Et voilà !
Ca ne s'est pas tout à fait passé comme ça.
Moi, j'avais le modèle qui tète à peu près tout le temps, qui s'endort le sein dans la bouche, béat, et qui aimerait bien que le sein reste dans sa bouche.
J'ai essayé de faire comme on me disait, j'ai culpabilisé parce que parfois, je cédais, et je laissais téter avant le cap des 2h fatidiques. On m'avait expliqué doctement que si mon bébé hurlait, c'est parce qu'il avait à téter trop souvent, et qu'il avait des difficultés à digérer, du coup, il digérait en permanence, et il avait mal en permanence.
Ca me semblait cohérent. Mais en même temps, j'avais aussi appris que le lait maternel se digérait en 20 minutes environ. Du coup, comment expliquer que la digestion fasse mal à mon bébé plusieurs heures ???
Alors j'ai compris que toutes ces règles, c'était du délire.
Les bébés ont des tout petits estomacs, donc ils tètent souvent, et c'est normal. Certains plus souvent que d'autres.
Téter, c'est pour boire et manger. Moi, je bois au moins toutes les heures. Ca ne m'a pas l'air d'être trop sensé que d'interdire à son enfant de boire.
Certains bébés tètent vite, et d'autres lentement. Parfois le lait coule à flot, et parfois, il n'y a plus grand chose dans les seins.
Téter, c'est pour boire, manger et recevoir des câlins. Ca m'a l'air encore moins sensé d'interdire à son enfant d'avoir les câlins qu'il demande.
La leche league (encore elle !) explique tout très bien ici.
Ce que j'aurais vraiment aimé savoir, c'est que des tétées non-stop dans les premiers jours, c'est absolument normal et bien documenté : la montée de lait n'a pas eu lieu, le colostrum coule au goutte-à-goutte, le bébé a faim, il peut avoir un grand besoin de succion, donc il peut vouloir téter en permanence. Plus le bébé va téter dans ces quelques jours, et mieux la montée de lait va s'installer. Compléter le bébé au biberon en espérant le caler pour plusieurs heures, c'est illusoire.
C'est éprouvant, mais ça l'est un peu moins quand à l'épreuve de la tétée-sans-fin (qui finit par faire mal car le mamelon est irrité) ne s'ajoute pas la culpabilité (n'ai-je donc pas le lait dont mon enfant a besoin ? Est-ce que je ne sais pas le faire téter ? suis-je nulle ?).
Si tu n'es pas fan fan de la leche league, qui propose pourtant d'excellentes ressources sur l'allaitement, tu peux aussi bénéficier du MOOC créé par le lactarium de Paris. La session de cours est terminée, mais Des heures et des heures à écouter parler du lait maternel : quoi de mieux pour égayer un séjour à la maternité ?
3 - Dormir comme un bébé, c'est pas comme je pensais
Toujours dans mon imaginaire (mais ce n'est pas ma faute, c'est Laurence Pernoud qui le disait), un bébé, ça dormait tout le temps, et moi, j'allais avoir plein de temps pour coudre des habits d'enfant, cuisiner de bonnes choses, fabriquer de beaux jouets Montessori. Oui ! Oui ! Tout ça aux frais de la sécurité sociale !Et puis, j'ai rencontré mon bébé. Celui qui ne s'endormait pas comme par magie quand on le posait dans son lit. Même au son de la douce voix de sa mère qui lui chantait ses meilleures berceuses. Celui qui s'endormait en tétant mon petit doigt, et qui se réveillait quand je lui retirais doucement. Celui qui ne voulait pas quitter mes bras.
De façon étrange, ce que j'ai très mal vécu avec mon premier enfant, je l'ai beaucoup mieux accepté avec mon deuxième - qui se réveille toujours au moins trois ou quatre fois par nuit à presque un an.
Mon pédiatre dit que c'est parce que je suis enfin devenue compétente.
Je dirais plutôt que j'ai enfin compris ce que c'était qu'un bébé. Ce n'est pas un adulte, ni même un enfant en plus petit. C'est un être en devenir, avec un système nerveux qui fonctionne à sa façon, très bien décrite ici. Un sommeil plus léger (qui assure ni plus ni moins que la survie du nourrisson), très dépendant des hormones sécrétées par sa maman et son lait.
Si j'avais lu ce dernier article plus tôt, j'aurais su :
- que c'était normal et prévu par la nature que mon bébé s'endorme au sein, et que je m'endorme avec lui, que lutter ne servirait à rien
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Moi et mon bébé, un dimanche après-midi |
- que c'était normal qu'il se réveille en pleine nuit, et que la meilleure façon de réussir à m'endormir était de lui donner tranquillement ce qu'il voulait (des boobs !!!), en essayant de trouver une position confortable et sécurisé qui nous permette de nous rendormir tous les deux sereinement.
Bien sûr, tout le monde a peur de la mort subite du nourrisson. Et c'est bien normal. Mais dans des conditions sécurisées (un lit, sans choses pour étouffer l'enfant, avec une maman qui allaite, qui ne boit ni ne fume, pas plus qu'elle ne prend de drogues), c'est mieux que de s'endormir sur un ballon de grossesse instable ou assise dans un canapé. Plein de choses scientifiques viennent étayer mon propos ici.
Un réveil en pleine nuit, quand on est épuisé, c'est une vraie torture. Mais quand on a à peu près son quota de sommeil, parce qu'on s'est laissé endormir par la tétée dans la journée, quand on ne s'est pas culpabilisé avec des injonctions bêtifiantes du type "ne laisse pas ton bébé s'endormir au sein!", on peut aussi le voir comme un rendez-vous secret qu'on aurait avec son tout-petit, au milieu de la nuit ; un moment de détente rien qu'à soi. Je ne vais pas prétendre que je passe ainsi une heure en extase, les yeux dans les yeux avec mon bébé, à échanger des sourire et de l'amour. Non, je profite juste d'une heure de calme dans la maison, où je peux regarder des bêtises à la télé, un bébé sur le ventre. Il y a pire.
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