Georges

Georges était notre ami, notre nounou, notre soutient. Georges nous faisait rire, Georges nous procurait le repos. Et un jour, Georges a disparu...

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J'ai été élevée à la télévision. J'adorais ça. Ça arrangeait bien mes parents. Je regardais tout. Des tas de trucs débiles, et des trucs bien moins débiles.

Les trucs débiles étaient interdits, mais en y repensant, j'ai bien l'impression qu'ils préféraient que je brave l'interdit plutôt que je les fatigue plus qu'ils ne l'étaient déjà.

A l'impossible, nul n'est tenu, dit-on, donc même si j'aimerais beaucoup pouvoir me vanter à la cantine le midi que mes enfants ne savent même pas ce que c'est qu'une télé et n'ont aucune idée du fait que l'on peut regarder des vidéos sur un téléphone, je dois l'avouer : mes enfants regardent la télé, tout comme moi je l'ai regardée.

C'est même pire que ça : pendant ses deux premières années, j'étais désespérée de voir que mon poulet n'accordait aucune attention aux écrans (je te rassure, il est guéri aujourd'hui).

Le contexte est posé : chez nous on regarde la télé. Tradition familiale oblige.

Mais comme je ne suis pas totalement démissionnaire, on regarde la télé ensemble, collés-serrés dans le canapé. Et là, j'aime mieux te prévenir, lecteur : tu as intérêt à avoir un abonnement Netflix / Canalplay / un stock de dvds bien fournis parce que ce que propose la télé au sens historique, c'est absolument lamentable.

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Quand j'entends les producteurs d'Oggy et les cafards ou de Sam le pompier se lamenter sur la disparition de France 4, en expliquant que ce sont les enfants qui vont souffrir les premiers de ce manque culturel.... voilà, ça me fait rire un peu... ou pleurer... c'est selon.

  

C'est donc sur Netflix que nous avons fait la rencontre de Georges. Georges est un petit singe curieux, ramené de la jungle par son ami l'homme au chapeau jaune, une sorte de cousin éloigné de Tintin, qui travaille apparemment dans un musée de New-York (mais en quoi consiste ce mystérieux travail? ce n'est pas clair). Georges ne sait pas parler, mais il est très curieux de tout, et nous le suivons donc dans ses aventures, où il découvre le métro, les couleurs, le froid, le théorème de Thales (j'exagère à peine). Les histoires sont toujours bien amenées, assez drôles, le vocabulaire châtié, et les petites notions pédagogiques savamment distillées.

Photo credit: salil_wilson on Visualhunt.com / CC BY-NC

Les aventures de Georges se déroulent sur 9 saisons, sans compter plusieurs films dont le premier narre la rencontre entre Georges et son ami l'homme au chapeau jaune (je vous recommande surtout le premier, qui est vraiment un excellent film pour les tout-petits et leurs parents, et où l'on découvre comment Georges est arrivé à New-York : nous avons été très soulagés d'apprendre qu'il n'a pas été capturé cruellement et ôté à sa maman, mais que c'est bien de son plein gré - quoique tout à fait illégalement -qu'il est entré sur le territoire ).

Aux Etats-Unis, c'est un incontournable. Tous les enfants connaissent Georges. On le retrouve dans toutes les librairies, les magasins de jouets. Amazon regorge de DVDs de Georges. Georges est même entré à la maison Blanche, comme sujet parmi les décorations de Noël.

 

Minute culturelle : Georges est en réalité une création de deux auteurs allemand, H.A & Margaret Rey, datant de 1936. Les aventures de Georges sont contés dans 7 petits livres, parus aux Etats-Unis entre 1941 et 1966.

Contemporain de Babar, dont les aventures signées Jean de Brunhoff sont parus entre 1931 et 1941 puis celles écrites par Laurent de Brunhoff entre 1948 et 1966, on retrouve chez Georges l'influence du colonialisme de l'époque.

 

Bref, Georges est entré dans notre vie. Nous aimions le retrouver le soir, en rentrant du travail, le samedi matin où il nous tenait compagnie pendant que nous finissions nos nuits trop courtes, pendant les interminables déjeuners de famille, où il faisait figure du grand cousin trop cool qui occupe les petits pendants que les grands essaient d'avoir une conversation sur les grandes problématiques de ce monde tout en sirotant un champagne bien frais.

Et un jour sans crier gare (elles vous reviennent en mémoiiiire, spéciale dédicace à ma prof de musique de CE2, celle de CM2, celle de 6ème)... Georges a disparu! Plus une trace dans la catalogue Netflix. Je pensais que ce serais temporaire (si tu as entendu parler des phases du deuil, j'étais dans le déni), mais non. Plus rien. Et à ce jour, toujours rien.

Netflix, si tu m'entends (ce qui est hautement improbable), est-ce que tu te mets à la place des parents quand tu enlèves sans dire un mot une série pour les tout-petits?

Et vous, au ministère de la culture, qu'attendez-vous pour mettre Georges au centre de l'offre jeunesse de France Télévision? Matin, midi et soir, Georges pour tous!

Bon, heureusement, Netflix n'a pas le monopole du cœur ni du streaming, et il reste Amazon Prime, qui propose une saison de Georges le petit singe. C'est toujours ça de pris.

Où? quand ? Comment ? 

• chez les bons libraires : les livres de Georges sont parmi nos préférés, les illustrations sont belles et fines, les histoires simples parlent aux tout-petits. Il existe des histoires originales, écrites et illustrées par H.A. et Margaret Rey, et d'autres simplement inspirées de leur style.
•  sur amazon prime : accès à toute une offre de vidéos à la demande inclu dans l'abonnement amazon prime (abonnement bien pratique à Noël pour les cadeaux de dernière minute ou les couches pas chères, nonobstant le fait que ces vilains semblent avoir une drôle de façon de payer leurs impôts), 99€ / an 
•  sur la vidéo à la demande orange, sur le play store google : possibilité d'acheter les films (mais pas la série)

Les + :

• des dessins animés de qualité, suffisamment élaborés pour être regardés en famille (je dois l'avouer : ce petit singe me fait rire),

• des histoires suffisamment simples pour être comprises par les petits, sans pour autant les abrutir 

• la bande originale du film Georges le petit curieux en VO est signée Jack Johnson, et vraiment très agréable ; la version française est nettement moins réussie

Les - : 

• super difficile à se procurer en France, je ne sais pas pourquoi, un des grands mystères de l'existence

• la télé et les petits : il y a mieux à faire, mais bon... parfois, c'est sympa de se reposer deux secondes, non?